Quand Irène, furieuse, s'aperçoit que Gil, son mari peintre dont elle est l'unique inspiratrice, lit son journal intime, elle y voit l'occasion de régler ses comptes avec lui à travers de fausses et explosives confidences. Un second journal, bien caché, recueille ses vraies pensées et son désarroi. Tous deux d'origine amérindienne forment un couple fusionnel, dont les rapports, exacerbés par la relation artiste-modèle, les ont conduits au bord du gouffre. Engagés dans une guerre dévastatrice, ils se déchirent sous les yeux de leurs enfants. Figure importante de la littérature amérindienne (La malédiction des colombes, NB octobre 2010), Louise Erdrich signe ici l'une de ses oeuvres les plus personnelles, probablement inspirée de sa propre expérience. Si la question de l'identité indienne est souvent évoquée elle n'est pas centrale. Le roman analyse en profondeur les étapes de la rupture d'un couple, les relations possession-dépendance, amour-haine, l'usure des sentiments. L'auteur fouille sans tabou les zones d'ombres de chacun, décortique les ravages d'une passion, obsessionnelle pour l'un, déclinante pour l'autre, les réactions et les comportements des enfants, aux personnalités complexes et émouvantes. La construction est maîtrisée, alternance d'extraits des deux carnets et d'un récit à la troisième personne. L'écriture est nerveuse, désespérée, la fin tragique et magnifique. (source : les-notes.fr)