Une femme de grand propriétaire viticole, une ?oemamie? paysanne, une institutrice en maison de retraite. Trois femmes dissemblables. Et une fillette qui rêve ou raconte, on ne sait. Elles soliloquent. Et le fil noué de leurs pensées circulaires poisseuses d'envie, d'interrogation, de honte, de regret, coud et découd le présent et le passé de la fille des baba cool, Emma, la bonne élève qui a côtoyé au CM2 leur mari, fils ou père, maintenant domestique. Emma écrit. Sur un carnet qu'elle garde sur sa fesse, dans la poche d'un jean crasseux. Des textes crus et délirants, difficiles à suivre, parfois incompréhensibles, pour dire un traumatisme, un secret enfoui aussi profondément que chez Les Adolescents troglodytes (NB mars 2007). Il y est question de mains gamines et de sexe cousu, de bogue de châtaigne et de ver à soie. De la plume d'Emmanuelle Pagano délibérément rabâchée, faussement naïve, volontairement marmonnée, réaliste, émerge parfois comme une explosion une jolie trouvaille elliptique, aérienne et concrète. Le corps féminin est omniprésent. Un corps gynécologique, sensoriel, jamais serein, souffrant, déchiré, vieilli. Outragé. Devant tant de maux, l'écriture est catharsis et le mot baume. (source : les-notes.fr)