Comédien de théâtre prestigieux, à quarante-deux ans, François est sur le point de divorcer d’Isabelle, metteuse en scène qui l’a lancé, pour s’installer avec Éléonore, de dix-huit ans sa cadette… quand un accident de scooter le laisse paraplégique. Commence alors un long calvaire. Des heures de souffrance, une pénible rééducation, l’installation en banlieue dans un appartement de plain-pied sinistre, l’exil dans un village de Bourgogne chez les parents de Léo qui tiennent une boulangerie… Mélissa Da Costa est déjà connue pour ses livres romanesques (Les femmes du bout du monde, Les Notes mars 2023). Ce n’est pas l’amour qui manque ici aux deux personnages principaux dont les voix alternent chronologiquement, mais la force d’âme pour assumer le handicap qui met fin à la carrière du comédien et mine le couple. Quand l’un tient bon, l’autre craque. Le changement progressif des caractères est très bien analysé. D’arrogant, sûr de lui, l’homme mûr devient plus humain. La jeune femme prend de l’assurance en cherchant obstinément sa voie. Leur entourage parisien et bourguignon est peint par petites touches, comme en arrière-plan. « Tenir debout » s’applique moins au handicap physique qu’au sens figuré du terme : le malheur oblige à se réinventer pour vivre sans rage ni désespoir. Le récit est assez prévisible, les nombreuses péripéties, l’analyse détaillée des états d’âme finissent par être un peu lassants. Mais l’émotion n’est jamais loin. (L.G. et A.K.)