Il y aura deux ans bientôt, un accident catastrophique est survenu à la centrale atomique voisine dans cette région tranquille, innommée, européenne avec ses petites villes, ses églises, ses champs, ses forêts et ses collines. L’armée avait procédé à une évacuation rapide de la zone irradiée. Mais quelques uns, pourtant conscients et informés du danger ont résisté et choisi de rester, trop attachés à cette terre ou tentés par une expérience alternative. Trois petites communautés de quelques personnes. Parmi eux Lorna et Marc, Sarah et Fred, Alessandro. Une amitié puissante les aident à tenir, à observer les rituels drastiques de protection, de rationnement, à apprivoiser ce quasi désert humain. Jusqu’à quand ?
Ce roman au fort caractère post-apocalyptique est mené avec une grande humanité. L’ambiance d’une pesante étrangeté est faite du contraste entre la beauté intacte d’un environnement forestier familier, et le danger invisible omniprésent d’une nature empoisonnée dénoncé par l’affolement des compteurs Geiger. Faite aussi du silence abyssal des maisons désertées troué du rare passage des hélicoptères ou des drones de surveillance. L’auteur (Ainsi Berlin, Les Notes novembre 2021) observe avec une infinie finesse et une jolie tendresse ses cinq héros principaux. Plus que des silhouettes, très présents, loin de survivre, ils vivent intensément dans ce huis presque clos, vibrent, harcelés ou bercés par leurs souvenirs, leurs différences, leurs tentations, leurs rigidités, leurs désirs. Un équilibre fragile où amitié et amour dans tous leurs états peuvent infléchir l’inflexibilité de la détermination. (S.La. et C.R.P.)