De retour en France après les vacances d’été chez leurs grands-parents en Géorgie soviétique, Kessané, sa jeune sœur Tina et leur mère font escale à l’aéroport de Moscou, où une odieuse douanière s’adjuge une précieuse assiette. La scène se rejoue des années 1970 à la fin de 1980. Kessané et les siens quittent Paris et s’installent en banlieue parisienne, elle devient journaliste, se marie et a une fille. Celle-ci soutient financièrement sa famille, mais un désamour s’installe avec sa sœur qui végète, et avec sa mère qui lui reproche de ne pas lui témoigner assez de compassion et d’être dure avec sa sœur. Ce court roman, à la chronologie erratique, est joliment imprégné de souvenirs d’enfance et du pays natal. Les relations fraternelles y sont rendues dans leur complexité. Oui, les deux sœurs se sont beaucoup aimées, elles ont vécu ensemble les évènements politiques qui ont amené l’occupation russe (qui ne sont pas clairement évoqués, mais le portrait de la douanière dans les premières pages indiquent les sentiments de l’auteure !). La superbe réussite de Kessané, le soutien généreux qu’elle apporte à sa mère et à sa sœur, leur reconnaissance mêlée d’amertume génèrent une jalousie souterraine adroitement suggérée. Kéthévane Davrichewy (L’autre Joseph, Les Notes mars 2016), née en France, fait revivre un passé tristement révolu et célèbre ici l’attachement touchant qu’elle porte à ses origines. (M.W. et H.V.)