Clara est coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire. Entre coupes de cheveux, couleurs et pose de bigoudis, au son de la musique diffusée par Radio Nostalgie, sa vie est rythmée par les conversations futiles des clientes et des salariés. Lorsqu’elle découvre un livre de Marcel Proust oublié par un client, elle commence une lecture qui va faire basculer son existence. Se glissant dans la peau d’une lectrice improbable de Proust, émouvante de naïveté et de bonne volonté, Stéphane Carlier (L’enterrement de Serge, Les Notes novembre 2021) dévoile un cheminement original d’immersion dans une œuvre. Passé le choc de la première lecture, des phrases interminables et de l’accumulation obsessionnelle de détails infimes, vient la fierté de lire un auteur réputé difficile, de s’imprégner de la musique des mots, et d’en apprécier la puissance évocatrice. S’impose enfin à la lectrice l’émerveillement de retrouver des sensations profondément enfouies, capables de faire émerger un passé oublié. L’œuvre de Proust est omniprésente : de nombreuses citations, phrases mythiques et évocations lumineuses accompagnent le texte et imposent leur rythme. L’auteur sait faire partager son enthousiasme pour une œuvre quasi légendaire dont la lecture peut devenir une thérapie, presque une addiction. Un texte d’une fraîcheur subtile qui incite à lire ou relire l’œuvre de Proust. (A.-M.G et S.D.)