Grégoire, ébéniste d’art, découvre dans l’étui du violoncelle qu’il répare une partition ancienne. Intrigué, il la montre à Giancarlo son associé, luthier très renommé. Manig Terzian, la grande prêtresse de la musique de Scarlatti, attribuerait volontiers cette sonate pour clavecin au maestro et se régale en la jouant. Secrètement enregistrée lors de cette exécution, la partition disparaît ensuite mystérieusement. La recherche et l’authentification de cette œuvre met en transe le monde musical : musicologues, archivistes, historiens se déchirent et règlent, sans douceur, leurs multiples rancœurs personnelles et professionnelles mais racontent aussi leur métier avec passion et pédagogie.
Dans ce roman polyphonique bien mené et qui, sans bémol ni fausse note, assure un suspense sans faille, les enquêtes font resurgir les liens ténus qui unissent la multitude de personnages qui l’habitent. En chapitres courts, chacun, bien dessiné, s’exprime à la première personne, construit son propre cheminement en concordance avec celui de l’intrigue. La romancière (Armen, Les Notes juin 2020) nous invite à de mémorables moments musicaux et nous fait espérer une authentique cinq cent cinquante-sixième sonate du grand musicien. Et si la résolution finale de l’énigme s’étire et casse le rythme du développement, on prend un réel plaisir à ce jeu de piste séduisant et culturel où s’entremêlent musique, amour, érudition et suspense. (A.C. et L.C.)