La guerre est finie. Berlin-Ouest est administré par les Américains, les Anglais et les Français et Berlin-Est par les Russes. Il faut gérer les décombres et reconstruire. C’est dans ce contexte que Gerd, un militant communiste bon teint, rencontre Liz, une jeune Américaine, pétrie d’idées généreuses. Il est aussi l’adjoint et l’amant de Käthe Spitzweiler, une pasionaria, membre du Parti, qui sélectionne des enfants, future élite intellectuelle de la RDA. Une situation politique et sentimentale bien compliquée… Dans ce deuxième roman, Laurent Petitmangin (Ce qu’il faut de nuit, Les Notes août 2020) a choisi l’immédiat après-guerre avant, pendant et après la construction du « mur », pour décrire une ville exsangue, déchirée et enjeu de visions politiques parfaitement antagonistes. Il reconstitue avec minutie les étapes et la mise en œuvre du programme Spitzweiler qui annonçait la dérive totalitaire de la RDA. Par petits chapitres, parfois alternés, et qui mettent en lumière les dilemmes de deux des personnages, on découvre comment, sciemment ou pas, par candeur ou opportunisme, égoïsme ou idéalisme, on devient un agent double. Mais pour faire un héros ou un traître, il faut donner du souffle au récit. Ce roman historique en manque un peu. Cependant l’évocation des vies sacrifiées cyniquement par les grandes Puissances, au nom du contre-espionnage, ne laisse pas indifférent. (C.-M.T. et A.K.)