Mary a été élevée en Écosse dans une communauté dont le gourou, son père, prône la vanité de l’existence terrestre. À dix-sept ans elle s’enfuit, abandonnant son fils Jimmy, âgé d’un an. Elle n’a appris ni à lire ni à écrire, mais elle se débrouille. Elle est mentalement instable, alcoolique et, par une sorte d’instinct diabolique, elle excelle à escroquer des hommes riches et âgés. Attirée physiquement par les jeunes gens, elle sait aussi s’en débarrasser quand c’est nécessaire. Jimmy grandit, il veut connaître sa mère.
Bon observateur de la vulnérabilité féminine dans les milieux pauvres en Grande-Bretagne, l’auteur (Manuel de survie à l’usage des jeunes filles, Les Notes octobre 2018) s’attache ici au destin d’une fillette qui, livrée à elle-même dans un milieu glauque et sans cadre, développe, adulte, une pathologie grave : ruser, tromper, voler, disparaître sans laisser de traces est sa seconde nature, alliée à une fascination compulsive pour l’argent et le luxe. Le sujet est prenant, l’écriture sobre, efficace. Le scénario est crédible, mais la construction d’ensemble, qui bouscule à plaisir la chronologie et joue de l’identité des personnages, relève de l’artifice et brouille longtemps les cartes avant de permettre que l’intrigue, trop éclatée, se dessine enfin. (A.Lec. et A.Le.)