Une famille juive non pratiquante originaire de Hongrie : les trois enfants, Serge, l’aîné, Jean, le narrateur, et Nana, leur sœur plus jeune, se retrouvent autour du lit de mort de leur mère qui a demandé à être incinérée. « L’idée d’être cramée avec ce que sa famille a vécu, c’est dingue ! » dit Joséphine, la fille de Serge, devenue maquilleuse professionnelle et qui a l’idée d’organiser un voyage en famille à Auschwitz… Un moment décapant qui cristallise les vieilles querelles.
Avec l’humour et l’intelligence féroces qu’on lui connaît, Yasmina Reza (Anne-Marie la beauté, Les Notes janvier 2020) brosse les relations de cette fratrie dans diverses situations. Pas vraiment d’intrigue, mais du « vécu » comique ou tragique. Les personnages avec leurs fêlures sont bien vivants, parfaitement décrits, des grands-parents, cousins et amis jusqu’aux petits-enfants ; maris, femmes et maîtresses restent secondaires. C’est une famille plutôt unie, avec ses psychoses, ses engueulades et ses morceaux de bravoure. Le summum est atteint pendant le voyage à Auschwitz et la découverte de l’absurdité de ce Disneyland de l’horreur. Une peinture saisissante et parfois cynique du monde moderne, d’Israël et du culte de la mémoire. Un livre touchant mais sans grande envergure où la mort est omniprésente, entre rire et larmes. (V.A. et Maje)