Par un subtil amalgame entre fiction et réalité dans le choix des personnages et des événements, Bruno Tessarech, historien, romancier (La machine à écrire, NB novembre 1996), essayiste (Villa blanche, NB juin 2005), analyse ce qu'il considère comme un des plus grands crimes du XXe siècle : l'élimination des Juifs par le régime nazi. Les démocraties, prônant les Droits de l'homme, jugèrent que la victoire militaire passait avant la lutte contre la « solution finale ». Quelques « sentinelles » tentèrent, mais en vain, de servir de témoins, de passeurs, de messagers auprès des Alliés ou pays neutres (parmi elles, Jan Karski, résistant polonais, héros du roman éponyme de Yannick Haenel, NB octobre 2009). Des intérêts politiques, économiques, des usages diplomatiques désuets, l'insuffisance de preuves formelles, le caractère utopique des solutions préconisées permirent d'abriter les consciences derrière un rempart d'excuses. Le martyr enduré par les Juifs, l'énergie de quelques-uns pour remuer les inactifs, la passivité à la limite de la complicité de certains sont dépeints avec un grand réalisme par l'auteur qui souligne les contradictions d'une époque ne sachant plus hiérarchiser Bien et Mal. L'intensité du récit et le tragique de certaines situations n'excluent pas une ironie parfois mordante. (source : les-notes.fr)