Pendant la première guerre mondiale, Alfa Ndiaye, tirailleur sénégalais, ramène, un soir d’attaque en première ligne, le cadavre de son ami d’enfance qui porte d’horribles blessures. Mademba Diop, dans la famille duquel il a été élevé, était son « plus que frère » et il a le terrible remords de ne pas avoir accédé à sa demande d’abréger ses souffrances. Les jours suivants, après l’assaut, il venge son ami en ramenant le fusil d’un ennemi auquel reste attachée la main… Ce deuxième roman de David Diop, maître de conférences à l’université de Pau, est un poème relatant la vie des deux amis, leur attachement l’un à l’autre, dans leur village sénégalais, dans l’Afrique coloniale de l’avant-guerre. C’est une litanie obsédante de mots presque ordinaires qui disent les horreurs des tranchées tandis que le héros, devenu lucide, plonge dans une sorte de folie. L’histoire de la vengeance, insupportable de sauvagerie, s’échappe vers le surnaturel. Les vingt premiers chapitres sont écrits à la première personne par Alfa, ensuite Mademba semble parfois tenir la plume. Ce petit livre déroutant, conte africain à la fois humain et d’une grande cruauté, ne laisse pas indifférent. (H.V. et M.Bo.) (source : les-notes.fr)