Elle a neuf ans. Elle rentre de l’école. Un homme la suit jusque dans l’escalier de l’immeuble… Elle a trente deux ans, un commissaire de police lui annonce que son agresseur a été arrêté et va être jugé. Entre ces deux dates, plus de vingt ans de souffrance et de cauchemars. Non ce n’est pas un roman ! Cela lui est arrivé à elle, Adélaïde ! Et cet océan de souffrance, la jeune femme a les mots justes pour le dire, pour mettre un nom sur l’indicible, le faire resurgir de sa mémoire. Des mots parfois très crus, d’un réalisme glaçant pour raconter la drogue, la boulimie, les désordres sexuels, les pensées avilissantes ou perverses, les conduites dégradantes dans lesquels elle ne se reconnaît pas, comme si le monstre avait pris possession de son esprit. Mais aussi des mots, un style, d’une beauté sombre, d’une poésie amère pour décrire ses descentes en eaux profondes, cette sensation d’une vie à l’envers, déportée, ces ""hydres"", ces ""méduses"" qui se sont immiscées dans son cerveau, ont phagocyté sa vie, l’ont enfermée dans une solitude que ne perçoit pas vraiment son entourage familial ou amical. Premier livre d’Adélaïde Bon, ce témoignage fort, courageux, bouleversant, est d’une exceptionnelle qualité d’écriture. (M.-N.P. et C.G.) (source : les-notes.fr)