Sydney, années quarante. Après la mort de leur père, Laura et sa jeune soeur Clare, neuf ans tout juste, restent seules, abandonnées par leur mère, un monstre d'égoïsme, rentrée seule en Angleterre. Sans le sou, elles acceptent la protection d'un ?'sauveur'' qui épouse l'aînée et les héberge toutes deux. Confinées chez lui, elles travaillent comme de véritables esclaves. Il se révèle bientôt alcoolique et redoutable prédateur psychologique, transformant l'aînée en une ombre sans volonté, la cadette en une rebelle très déterminée. Elisabeth Harrower (Un certain monde, NB avril 2016) joue sur tous les registres qui peuvent émouvoir un lecteur déjà pris de pitié pour les jeunes victimes d'une mère indigne. Peu de suspense ou de revirements, ce sont de petits événements qui font monter en puissance la perversité de l'homme qui les recueille, esprit machiavélique et dont la hargne destructrice n'a pas de limite. La froideur tranquille d'une écriture un peu désuète (première publication en anglais en 1966) mais habile, efficace, exprime avec talent des tourments physiques et psychologiques bien orchestrés. Sans le moindre rayon de soleil, l'atmosphère prégnante peut devenir accablante sous le poids de tant de turpitudes. (V.M. et B.T.) (source : les-notes.fr)