Deux textes composent ce recueil, fragments d'une démarche autobiographique ambitieuse interrompue par la mort, l'un sur la torture, l'autre sur la libération des camps. L'auteur les écrit dans le bar du Lutetia, hôtel qui servit de centre d'accueil aux déportés à la Libération. Et ce n'est pas un hasard. Si l'oeuvre de Semprún est en effet marquée par sa participation à la Résistance, son arrestation et sa déportation à Buchenwald, jamais il n'a écrit ses mémoires. Ce qu'il souhaite ici, c'est moins se souvenir ou témoigner que ""reconstruire la vie"" ? la reconquérir, en mêlant autour d'""un thème"" (la torture, les camps), le vécu du passé tel qu'il surgit dans l'instant présent. Dans ce travail de remémoration hélas inachevé, l'écrivain âgé convoque et ressoude, au gré d'un monologue profond et intense, les bribes de son exceptionnelle existence. Il atteint une telle intensité de parole qu'il porte la beauté de la langue et celle de l'émotion à l'un de leurs sommets, celui d'une langue française en majesté, dépouillée, vibrante comme une cantate. (source : les-notes.fr)