On the Brinks est le récit d'une vie, écrit de telle manière que l'on croit lire un roman. L'enfance pauvre, dans les rues de Belfast, de ce catholique au nom protestant, fait penser aux pages de Burnside et de Frank McCourt. Son incarcération pour activisme révolutionnaire à Long Kesh avec les Blanket Men (prisonniers de l'IRA refusant de porter l'uniforme pénitentiaire anglais), dans des conditions qu'aucun humain ne devrait normalement supporter, renvoie aux textes d'Edward Bunker, avec un degré de déshumanisation en plus. Et l'épisode américain, partant des casinos clandestins pour aboutir en 1993 à l'accomplissement du magnifique casse du dépot de la Brinks à Rochester, nous ramène à toute une tradition de films noirs remplis de gangsters, de trahisons et de fusillades. À ce détail près que Millar n'est pas un professionnel et que dans cette affaire célèbre (7,4 millions de dollars, le 5e vol le plus important de l'histoire des Etats-Unis), il s'est plutôt comporté comme Dortmunder, le voleur malchanceux et gaffeur créé par Donald Westlake. C'est un écrivain, qui sait maquiller la réalité et pratiquer l'ellipse quand c'est nécessaire.
Né en 1958 à Belfast, Sam Millar s'est engagé très tôt dans l'IRA, ce qui lui a valu de passer 8 ans dans la tristement célèbre prison de Long Kesh. Exilé aux Etats-Unis après sa libération, il y a exercé divers métiers dont croupier de casino clandestin, avant d'organiser le fameux casse du dépôt de la Brinks de Rochester en 1993. Après sa condamnation, il fut gracié par le président Clinton. De retour à Belfast, où il vit toujours, il a écrit, outre On the Brinks, deux romans ( Poussière tu seras et Redemption Factory, à paraître chez Points), et la série Karl Kane, qui sera publiée en Seuil Policiers.